Date(s)
- 24-25 mai 2013 – International Meeting of New Forms of Escenic Art – Bilabo (E)
- 8 janvier 2013 – Centre Culturel ABC, Journées de Théâtre Contemporain Suisse – La Chaux-de-Fonds (CH)
- 23 et 24 juin 2012 – Théâtre de la Cité internationale, Paris – France
- 29 septembre 2011 – Festival Contemporanea, Prato – Italie
- 8 et 9 avril 2011 – Motel Mozaique, Rotterdam – Pays-Bas
- 19 septembre 2010 – Galleria Civica di Modena – Italie
Fortuna
Performance créée le 19 septembre 2010 à la Galleria Civica di Modena
Thème
Ce projet questionne la perception de l’espace, il expérimente la perte de repères et la sensation de désorientation. Il provoque des rencontres fortuites, il joue sur le hasard, la peur et la solitude.
On y croise les figures fantomatiques de la Fortune, de l’Accompagnateur et de la Mort.
Fortuna (du latin fors, « sort ») est une divinité romaine, allégorie du hasard et de la chance. Elle est le double de la Tyché grecque qui décide du destin des mortels, et joue de leur vie, de leur bonheur. Elle est l’occasion, ce qui arrive, ou ce qui n’arrive pas. Rien n’est prévisible avec Fortuna, elle surprend, elle est l’accident.
Ainsi le spectateur, perdu dans l’espace embrumé, dans cette intense blancheur, peut-il croiser la Chance, la Mort, l’Homme (comme dans un jeu de tarots) ou ne croiser personne, et se laisser dériver dans un espace totalement vide. L’histoire de chaque spectateur est donc différente, unique, et dépend de sa bonne ou mauvaise fortune, du hasard de sa traversée.
Déroulement
Le nombre de spectateurs participant à la performance varie selon la taille de l’espace dans lequel elle se déroule.
Dans une salle fermée de petite dimension (environ 6m par 5m), la performance est jouée pour un seul spectateur à la fois, toutes les 3 minutes.
Dans une salle de grande dimension (environ 30m par 15m) on peut faire évoluer des groupes de dix spectateurs toutes les 10 minutes.
L’espace est vide et dégagé. Peu importe la couleur des murs et du sol. L’éclairage est simple mais assez puissant et diffus. Le son est fort et continu. On ne voit rien, la fumée blanche a tout envahi et on ne distingue rien à plus d’un mètre. Il n’y a plus aucun repère, ni pour le regard ni pour l’oreille. On ne perçoit que du blanc, on est en quelque sorte aveugle à l’envers. Le bruit est fort, on est sourd à l’envers.
Le spectateur attend, on lui demande de ne pas parler avec les autres participants pendant la performance. On entend un son assez fort qui provient de la salle dans laquelle se déroule la performance. Et puis la porte s’ouvre et on l’invite à entrer.
A l’intérieur, dans l’espace, un homme portant un smoking blanc attend. Il accueille les spectateurs d’un air souriant et énigmatique. On le distingue à peine tant la fumée est dense. Il montre du doigt l’espace. Tout est blanc. Il faut entrer. L’homme en blanc recule et disparaît. On est perdu.
Le son est fort, on ne peut pas parler. On ne voit rien tant le brouillard est dense. Derrière nous la porte s’est refermée. On avance lentement, les bras tendus dans le brouillard. Parfois l’homme réapparaît, fugace, juste une ombre, parfois il prend la main d’un spectateur et disparaît avec lui. Le temps se dilue, il n’y a plus de repères. Et puis elle est là, subitement: la Fortune. Une jeune femme nue, très belle, juste couverte par un voile. Elle nous regarde fixement, elle ne parle pas. Elle montre quelque chose mais qu’on ne voit pas, puis elle disparaît. On avance à tâtons, il y a d’autres silhouettes, peut-être des spectateurs et puis on sent quelque chose, juste derrière soi : l’homme en blanc est là, il vous regarde droit dans les yeux, il sourit et il disparaît. Un homme est étendu au sol. On ne sait pas si c’est un spectateur ou un performer. Il ne bouge pas. Et puis surgit la femme habillée avec une longue robe noire. Elle a des cheveux longs, noirs aussi. Elle fait peur. Elle nous regarde aussi. On ne sait plus où on est, on ne comprend pas où sont les murs de la salle. On voit encore Fortuna, l’homme en blanc nous pointe du doigt et elle approche. Elle nous murmure quelque chose à l’oreille mais le bruit est trop fort. On ne comprend pas ce qu’elle dit, et puis plus rien, elle n’est plus là, l’homme en blanc a disparu aussi. Derrière nous, tout près, on sent le souffle de la femme en noir, elle est là, elle nous touche l’épaule puis disparaît aussi.
Quelqu’un de l’organisation vient vers nous et nous invite à le suivre vers la sortie. Une porte s’ouvre vers l’extérieur, on voit à nouveau le monde.