Date(s)

  • 3 octobre 2015 – Nuit Blanche – Paris (FR)

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Après la fin, le Congrès (2015)

Le projet

Dans la performance pour la Nuit Blanche 2015 à Paris, et pour PerformanceProcess du CCS, il s’agit, comme pour la performance des Héros de la pensée, de rendre à la pensée un statut d’acte et d’action. Cette performance mettait en jeu la forme de l’abécédaire et la question de la pensée en mouvement. Les huit acteurs de la performance, historiens, anthropologues, philosophes, sont allés jusqu’au bout de leur pensée, au-delà de leur fatigue, au-delà de leur résistance à l’alcool, par-delà leurs limites physiques, mettant en place un réseau de solidarité, de tactique, de ruse, afin de surpasser l’épuisement et l’ivresse et entretenir la conversation le plus longtemps possible : 26 heures, 26 mots.

La performance d’octobre 2015 a lieu d’une part dans le cadre des espaces du CCS à Paris, et dans la cour carrée du musée Nissim de Camondo (8e) qui abrite une collection de mobilier et d’objets d’art du XVIIIe siècle. Le musée est situé en immédiate bordure du parc Monceau.
Au Centre Culturel Suisse, les 29 et 30 septembre, six penseurs différents d’un soir à l’autre, égrainent, en déambulant dans les espaces du centre, une réflexion sur différents thèmes propres aux relations que l’homme entretient avec son environnement et les êtres qui le peuplent, de façon très libre.
Dans la cour rectangulaire du musée Camondo, est installé un manège, un carrousel à l’ancienne. Un objet appartenant au registre populaire, une sorte de mobilier urbain qui concerne l’enfance, qui dit la fête, le loisir. Ce geste d’installation consiste à utiliser cet objet familier et reconnaissable comme une sorte de ready-made. Il s’agit de le déplacer, de le changer de contexte, de l’accoster dans un haut-lieu de la culture. De le considérer comme une sculpture, une intervention éphémère. Le manège est transformé par un système d’éclairage, le rendant étrange et également étranger par l’installation de différentes machines à fumer, qui en font une sorte de mécanique infernale et joyeuse, poétique et décalée. La musique est également un élément important de l’installation. Mais le carrousel est utilisé aussi comme un dispositif, une machine à penser, à faire tourner des mots, des phrases, des idées. Plusieurs penseurs, vêtus d’un même costume à carreaux et d’un masque de tête de morts, et dont la voix est transformée, montent dans le manège, et se mettre à parler, au fil de la nuit. Comme un seul et même corps, une seule et même voix, ils énoncent des idées, des concepts, comme une sorte d’abécédaire éclairant la question de la fin, du monde, de la fin du monde, de la fête, du populaire, de la catastrophe, de la mort, du temps, des nuages, du ciel, de la nuit, de la fumée, des arbres et des animaux, des rêves, de la disparition, de la nuit, de l’attente…

La démarche

Massimo Furlan a une formation de plasticien, il a pratiqué pendant plusieurs années la peinture et le dessin et a exposé dans le circuit des galeries d’art contemporain et des musées. Il a également été scénographe pour plusieurs metteurs en scènes et chorégraphes avant de devenir metteur en scène et de créer sa compagnie en 2003, Numero23Prod. Son travail scénique développe un langage visuel et performatif lié à la peinture, à l’installation, au cinéma, et à la vidéo.
La démarche de Furlan s’articule d’une part autour de la composition d’images en mouvements, qui prennent place sur des scènes théâtrales et d’autre part autour de formes plus performatives, dans des espaces publics ou non dévolus au théâtre.
Les images des différentes créations scéniques de Massimo Furlan sont traversées et habitées par des acteurs qui se révèlent avant tout par leurs gestes. Contrairement à la scène dramatique et au processus de la construction du rôle, ici ce sont des figures sans psychologie et la plupart du temps muettes. La parole, si elle intervient, est la plupart du temps portée non par des acteurs mais par des anthropologues, historiens ou philosophes, qui transmettent, dans un cadre donné et souvent sous une identité de fiction, des perspectives théoriques: ainsi Bastien Gallet, Marc Augé et Serge Margel dans 1973, sous des identités variées liées à l’édition de l’Eurovision de la chanson, ou Pierre-Olivier Dittmar sous les traits de la poupée ventriloque dans Un Jour.
Une grande part de la recherche de Massimo Furlan repose sur le développement d’un travail performatif. Des performances qui mettent en jeu la question du corps, de l’action, du temps, de la parole. Ces actions prennent souvent place dans des lieux non dévolus au théâtre, dans des espaces publics – parc, stade de football, salle de sport, aéroport, tunnel, gare.
Au coeur de ses performances, la dimension du faire, de la littéralité de l’action et de la puissance de l’événement sont centrales. L’artiste engage une démarche, un processus qui va de l’élaboration, de l’énonciation de l’idée à son effectuation. Ce qui donne à sa recherche une dimension à la fois conceptuelle et concrète. Le travail de mise en oeuvre d’une action simple est en réalité colossal, et c’est ce travail là qui implique le plus de temps, d’énergie, de combat: par exemple, obtenir de Parc des Princes à Paris pour jouer la performance Numéro 10, gagner la confiance du directeur de l’aéroport de Genève pour courir sur la piste de décollage, recevoir l’autorisation de faire fermer le tunnel du St Bernard, le temps de le traverser au pas de course.
Les performances engagent une forte dimension d’expérimentation, elles laissent place à l’imprévisible, l’accident. Elles mettent en jeu la question du temps et de la durée: certaines sont extrêmement brèves (quelques minutes), d’autres durent plusieurs heures. Elles proposent avant tout du temps à vivre.

L’équipe:

Vinciane Despret, philosophe, psychologue
Yoann Moreau, anthropologue
Pierre Olivier Dittmar, historien du moyen-âge
Jean-Claude Schmitt, historien
Philippe Artières, historien
Sophie Houdart, anthropologue
Thomas Golsenne, historien de l’art
Chloé Maillet, historienne
Arnaud Lambert, historien de l’art et réalisateur