Press

  • Le lasagne della nonna – Le Temps, 30 sept. 2024 [PDF Article]
  • Le lasagne della nonna – RTS - 30 sept. 2024 [PDF Article]
  • Avec L’Animal – La Montagne, 22 août 2023 [PDF Article]
  • Avec L’Animal – NewsdayFR, 20 août 2023 [PDF Article]
  • Avec L’Animal – ActuCantal, 20 août 2023 [PDF Article]
  • Blue Tired Heroes – Circostrada, 23 juin 2023 [PDF Article]
  • Avec L’Animal – La Libre, 19 avril 2023 [PDF Article]
  • Avec l’Animal – Unidivers, 17 mars 2023 [PDF Article]
  • Avec l’Animal – Ouest-France, 16 mars 2023 [PDF Article]
  • Radio Jam – La Pépinière, 10 mars 2023 [PDF Article]
  • Radio Jam – Radio Vostok, 3 mars 2023 [Interview]
  • Radio Jam – Radio Campus Besançon, décembre 2022 [PDF Article]
  • Radio Jam – Le Temps, 29 septembre 2022 [PDF Article]
  • Radio Jam – RTS Culture Vertigo, 28 septembre 2022 [Interview]
  • Radio Jam – Inferno, 27 septembre 2022 [PDF Article]
  • Radio Jam – Culturieuse, 26 septembre 2022 [PDF Article]
  • Radio Jam – 24Heures, 23 septembre 2022 [PDF Article]
  • Avec l’Animal – Le Temps, 12 août 2022 [PDF Article]
  • Avec l’Animal – Le Courrier, 11 août 2022 [PDF Article]
  • Avec l’Animal – Ma Culture, 8 août 2022 [PDF Article]
  • Le Cauchemar de Séville – Le Footichiste, 8 juillet 2022 [PDF Article]
  • Le Cauchemar de Séville – France Bleu, 17 mai 2022 [PDF Article]
  • Blue Tired Heroes – La Repubblica, 17 mai 2022 [PDF Article]
  • Avec l’Animal – La Gruyère, 8 mars 2022 [PDF Article]
  • Avec l’Animal – 24Heures, 3 mars 2022 [PDF Article]
  • Avec l’Animal – Le Matin Dimanche Cultura, 16 janvier 2022 [PDF Article]
  • Dans la Forêt – Le Courrier, 12 novembre 2020 [PDF Article]
  • Dans la Forêt – Ma Culture, 11 novembre 2020 [PDF Article]
  • Dans la Forêt – Culturieuse, 16 septembre 2020 [PDF Article]
  • Dans la Foret – France Culture - 4 sept. 2020 [PDF Article]
  • Radio Jam – 24Heures, 4 septembre 2020 [PDF Article]
  • Les Italiens – France Inter POPOPOP, 26 février 2020 [Interview]
  • Les Italiens – L'Italie à Paris, 22 février 2020 [PDF Article]
  • Les Italiens – Le Temps, Marie Pierre Genecand, 29 janvier 2019 [PDF Article]
  • Le Cauchemar de Séville – Télérama, Grégoire Lefebvre, 30 mai 2018 [PDF Article]
  • Le Cauchemar de Séville – Ève Beauvallet, Libération, 28 mai 2018 [PDF Article]
  • Factory – Le Nouvelliste, décembre 2017 [PDF Article]
  • Blue Tired Heroes – Tele Basel, septembre 2017 [PDF Article]
  • Nocturne – Le Figaro, juillet 2017 [PDF Article]
  • Travelling – La Liberté, juin 2017 [PDF Article]
  • Tree of Codes – Deutschland Radio Kultur, février 2017 [PDF Article]
  • Wind in the Woods – Le Courrier, février 2017 [PDF Article]
  • Hospitalités – Le Monde, février 2017 [PDF Article]
  • Revue de presse Wind in the Woods – Le Temps, L'Echo du Gros-de-Vaud, septembre, novembre 2016 [PDF Article]
  • Performance Foot – Paris Berlin Mag, juin 2016 [PDF Article]
  • Revue de presse Blue Tired Heroes – TheaterKrant, nrc.next, mai 2016 [PDF Article]
  • La Bonne aventure – M, le magazine du Monde, avril 2016 [PDF Article]
  • Revue de presse Tree of Codes – The New-York Times, Die Deutsche Bühne, Theater:pur... mars, avril, mai 2016 [PDF Article]
  • 30 ans du Centre Culturel suisse : un anniversaire canon ! – Télérama, Sébastien Porte, 29 octobre 2015 [PDF Article]
  • Les cauchemars climatiques de la Nuit Blanche – Emmanuelle Lequeux, Le Monde, mardi 6 octobre 2015 [PDF Article]
  • Augures sur la Culture – Les Inrockuptibles, septembre 2015 [PDF Article]
  • Un Jour, création 2013 – Tournée au Holland Festival [PDF Article]
  • Massimo Furlan – Numero23 – Jean-Marc Huitorel, Art Presse, mai-juillet 2015 [PDF Article]
  • Au Far, un voyage en train se mue en travelling musical – Rose-Marie Gatta, 24h, 18 août 2014 [PDF Article]
  • La moto vire dans le sexe du passé – Boris Senff, 10 octobre 2013 [PDF Article]
  • Agostini on stage – Paul Ardenne, Café Racer, octobre 2013 [PDF Article]
  • Le circuit transfiguré de Massimo Furlan – Marie-Pierre Genecand, 6 septembre 2013 [PDF Article]
  • Les Théâtres Vaudois font vrombir le moteur de la rentrée – Boris Senff, 29 août 2013 [PDF Article]
  • Furlan, l’éternel renouveau – Cecile Dalla Torre, Le Courrier, 14 mars 2013 [PDF Article]
  • Luxembourg: five points! – Stéphane Gilbert, Luxemburger Wort, 09.01.2012 [PDF Article]
  • Katzensprung in die eigene Vergangenheit – Dieter Lintz, Trierischer Volksfreund, 09.01.2012 [PDF Article]
  • Der Grand Prix Eurovision de la Chanson kommt zurück nach Luxemburg – Dan Schank, Lusemburger Wort, 06.01.2012 [PDF Article]
  • Nostalgiereise ins Jahr 1973 – DiL, Trierischer Volksfreund, 04.01.2012 [PDF Article]
  • Les chansons d’une vie, page 1 – Crégory Climatti, Le Quotidien, 04.01.2012 [PDF Article]
  • Les chansons d’une vie, page 2 – Grégory Cimatti, Le Quotidien, 04.01.2012 [PDF Article]
  • United Colors of Schiller – Bern Mand, Nachtkritik, 09.06.2011 [PDF Article]
  • Schiller Thriller, mit Tanz und Pantomime – Mannheim Morgen, 09.06.2011 [PDF Article]
  • 1973, théâtre de variétés et d’essai – Nicola de Marchi, Le Courrier, 7 septembre 2010 [PDF Article]
  • 1973 de Massimo Furlan – La Voix, Stéphane Gilbart, 17 juillet 2010 [PDF Article]
  • Dans la peau de Patrick Juvet – Aujourd'hui en France, 15 juillet 2010 [PDF Article]
  • Beaux chemins de traverse – Les Echos, Ph.C., 13 juillet 2010 [PDF Article]
  • Furlan, 12 points à Benoît 12 – La marseillaise, Denis Bonneville, 13 juillet 2010 [PDF Article]
  • Une vitrine pour Luxembourg – Le Quotidien Le Luxembourg, Geneviève Allène-Dewulf, 13 juillet 2010 [PDF Article]
  • – Lionel Chiuch, Tribune de Genève, 12 juillet 2010 [Article]

    1973. Pierre Tchernia commente – avec un humour tout ce qu’il y a de plus involontaire – l’Eurovision. Pattes d’eph’, cols à tarte et permanentes défilent sous différents drapeaux. Les paroles sont souvent niaises, les mélodies indigentes.
    Performeur et chorégraphe, Massimo Furlan s’esr immiscé dans la grande parade kitsch. A lui seul, il représente la Finlande, l’Espagne, la Belgique ou encore la Suisse. Comme Patrick Juvet alors, il chante Je vais me marier Marie. Malgré les postiches et les costumes, il n’imite pas, il reproduit un style, une manière d’être, une époque.
    D’ailleurs, très vite, la cérémonie tourne au débat philosophique, sous l’égide d’un Cliff Richard aristotélicien qui questionne la « variété ». Est-elle si variée, cette variété ? Et quid de l’Européen et de son identité ? Du léger au profond, il n’y a qu’un pas, franchi à grand renfort de semelles compensées.
    Une fois encore, l’artiste suisse pioche dans ses souvenirs pour bâtir son spectacle. Il y mêle avec beaucoup d’ingéniosité l’humour, la réflexion et les émotions. On navigue ainsi entre rires et nostalgie.
    La mémoire revient et avec elle une certaine innocence en noir et blanc. Massimo Furlan nous aide à franchir l’écran car il sait que le plaisir réside dans cet improbable va-et-vient. 1973 sera programmé au Festival de la Bâtie en septembre prochain. Un conseil : pensez à réserver votre place.

  • “1973” de Massimo Furlan – Le Dauphine Vaucluse, 12 juillet 2010 [PDF Article]
  • Chanson madeleine – Radiofrance, 12 juillet 2010 [PDF Article]
  • Avignon, des gueux à l’Eurovision – Charlie Hebdo, Lou Forster, 7 juillet 2010 [PDF Article]
  • La vie revisitée de Massimo Furlan, page 1 – Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 03 juillet 2010 [PDF Article]
  • La vie revisitée de Massimo Furlan, page 2 – Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 03 juillet 2010 [PDF Article]
  • Circo Massimo – Mouvement, Cathy Blisson, juillet-septembre 2010 [PDF Article]
  • – Les Inrockuptibles, supplément, juillet 2010 [Article]

    Twelve points

    Il faudra s’y habituer : Massimo Furlan est sérieusement loufoque. Né en 1965 à Lausanne, d’origine italienne, il suit l’Ecole des Beaux-arts locale et entame par la suite un cycle de travaux axés sur la thématique de la mémoire et de l’oubli. Plus profonde qu’il n’y paraît, son approche parle à chacun car elle raconte ces instants précieux où une vie bascule. En 2003, Furlan fonde la société Numero23Prod et scille depuis entre performance et installation. Souvent seul. Ou pas. La preuve dans ce 1973 où Massimo Furlan s’est entouré de Marc Augé, Anne Delahaye, Bastien Gallet, Thomas Hempler, Serge Margel et Stéphane Vecchione. Patrick Juvet, chanteur à minettes, est excusé ; c’est pourtant lui qui représentait la Suisse cette année-là. « Cette prestation me stupéfia. Un jeune homme souriant, blond, grand, aux cheveux longs. Il chantait et semblait tellement à l’aise et heureux. Pourtant il était suisse », lâche Massimo Furlan. Il y a, comme résumé dans une phrase, ce « pourtant il était suisse », tout l’art de Furlan, qui ne se moque pas mais préfère s’interroger sur les ressorts de cette mémoire partagée. Ainsi, cette création est l’occasion de revenir sur l’édition « septante trois » du concours de l’Eurovision.
    Quoi, un spectacle sur ce sommet de ringardise télévisuelle ? Quand il s’agit de mettre en scène le passé, Furlan a de la suite dans les idées. Dans un précédent spectacle, Numéro 10, donné sur la pelouse du Parc des Princes à Paris, Furlan rejouait à lui tout seul la demi-finale France-Allemagne du Mondial de foot de 1982 ; dans (love story) Superman, il s’inspirait du superhéro du même nom. 1973 le verra faire à peu près tout, chanter ou se travestir, pour rendre hommage à chacun des participatns de ce concours mémorable. Il a sera Pino Tozzi, un double. En 1973, Juvet ne gagna pas. Quant à Massimo Furlan, depuis, il a grandi. Il est artiste.

  • Un pour tous – L'express, Etienne Sorin, 30 juin - 10 juillet 2010 [PDF Article]
  • – Gilles Simond, 24 Heures régions, 22 juin 2010 [Article]

    Massimo Furlan le Lausannois s’apprête à rejoindre Avignon avec son nouveau spectacle, 1973 : l’histoire d’un animateur de mariages qui reproduit le Concours Eurovision de la chanson de cette année-là, où apparut notamment un certain Patrick Juvet. « C’est l’occasion de revivre l’émerveillement ressenti à l’époque devant le petit écrant, confie l’acteur-performeur. Pouvoir le faire en Avignon, c’est d’abord un plaisir, celui de montrer un spectacle dans ce cadre-là, de disposer de cet espace de liberté. Je trouve très drôle que mon travail, décalé par rapport aux formes traditionnelles de théâtre, soit montré là-bas.
    Reste qu’on n’est pas invité dans la Cité des Papes par hasard. « Vincent Baudriller, le directeur du festival, nous suit depuis quelques années. Il est au courant de nos projets, a vu les précédents spectacles, et celui-ci l’intéresse beaucoup, avec son rapport à la musique populaire, notamment. »
    Furlan n’oublie pas les aspects très concrets : Avignon assure une partie du financement du spectacle, complété par une coproduction internationale qui lui permettra de partir en tournée. « C’est vital pour nous. Nous sommes une petite compagnie indépendante, continuellement en état d’étouffement par rapport à la charge de travail. Et puis le Festival d’Avignon est une caisse de résonance. C’est très important vu la difficulté à réaliser certains projets. Il est clair que le « label » Avignon aide à ouvrir les portes. »

  • You can speak, you are an animal – Michel Caspary, Guide loisirs, 6 mars 2010 [PDF Article]
  • Furlan fait l’animal – M.-P.G., Profil, mars 2010 [PDF Article]
  • You can speak, you are an animal – Corinne Jaquiéry, Supplément 24 Heures et Tribune de Genève, mars 2010 [PDF Article]
  • Deux instants poétiques passent l’un après l’autre – La voix du nord, J-L.R, 17.10.2009 [PDF Article]
  • Vrai faussaire – Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 25.07.2009 [PDF Article]
  • Tables rondes décalées – Maïa Bouteillet, Libération, 21.07.2009 [PDF Article]
  • – Nicolas Blondeau, Le progrès (Lyon), 25 avril 2009 [Article]

    Coup de cœur : si vous êtes un amateur de danse contemporaine, ou si simplement vous aimez les univers étranges et percutants, la création du metteur en scène suisse, Massimo Furlan vous ravira. (….) Avec les rythmes hallucinatoires, la basse sourde et la grosse caisse métronomique de Killing Joke, balancé à grands renforts de décibels, il construit devant nos yeux médusés une fable improbable. Animée par le chanteur échevelé, un idiot en short, un gros et un squelettique nounours, un sauvage de Nouvelle-Zélande et des créatures sexy façon manga….Il crée des tableaux d’une poésie inouïe et parfaitement maîtrisée. Et nous donne à voir des bêtes de scènes absolument fascinantes.

  • – Nicola de Marchi, Le Courrier, 08.09.2009 [Article]

    La Bâtie – L’ours se taille la part du lion dans la pièce “You can speak, you are an animal”. Une histoire imagée, qui donne voix à la question du langage et de l’animalité. Jouissif.

    Une définition du théâtre pourrait affirmer que celui-ci consiste en un spectacle où des comédiens interprètent différents rôles engagés dans une action où tout peut arriver suivant une logique narrative. Dans “You can speak, you are an animal”, de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre, si les rôles sont aussi tranchés que des symboles, tout arrive suivant une cohérence interne aussi sombre qu’évocatrice. A voir ce soir encore dans le cadre de La Bâtie.

    Selon cette définition, un improbable animateur charlatan déguisé en clown punk peut rentrer sur scène en adressant au public des explications en franglais concernant la pièce; un comédien peut utiliser son déguisement d’ours en peluche pour couvrir son sexe; et, comme sur le plateau de variété, un gros bonhomme à l’air un peu nigaud peut chanter à tue-tête “Se non avessi te” de Umberto Tozzi. Ainsi se présente en tout cas la scène finale de “You can speak, you are an animal” quand le public commence à applaudir. Car si le bouquet final est un véritable feu d’artifice d’images qui réalise en quelque sorte l’utopie incongrue du monde à l’envers, le reste de la pièce n’en est pas moins riche en suggestions.

    Rencontre avec l’ours
    Vénéré depuis la nuit des temps comme symbole de puissance et de fertilité, amadoué dans les premiers cirques du Moyen âge, serré entre les bras des enfants sous forme de peluche inoffensive, l’ours est aujourd’hui un animal à connotations multiples. C’est sans doute une des thèses sur laquelle s’appuie l’action de “You can speak, you are an animal”. Car, si l’animal est bel et bien le sujet fondateur de la pièce, l’histoire du mammifère est ici racontée dans tout ce qui la lie irrémédiablement à celle de l’homme. Un rapport symbolisé par la figure de l’idiot (cet artiste sans langage, à mi-chemin entre animal et humain), et celle du sauvage (l’homo errectus à l’aube de son évolution culturelle). Ces trois personnages (ou personnifications), unis par l’omniprésence du désir, créent la dynamique autour de laquelle “coagulent” des images: celles des situations.

    La question du langage, centrale dans la tension qui anime les personnages de la pièce, se résout ici avec une grande économie de mots. Et la pièce se présente dès lors davantage comme une suite de tableaux, entre performance et théâtre allégorique, que comme le suivi d’une action cohérente.

    Allégorie et pantomime
    “Dans notre processus de travail – annonçaient les auteurs de la pièce lors de la présentation du spectacle – nous déterminons, dans un premier temps, une suite d’images qui onte une cohérence entre elles soit par la question de la narration, soit par la question du sens propre d’une image par rapport à une autre.” Pour raconter, cette histoire, Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre se servent des images longues. Un effet de ralentissement des scènes qui permet au spectateur de les peupler de significations diverses. Une pantomime qui, en l’occurrence, tend l’oreille au langage de l’animal.

    Si les performances de Furlan nous avaient déjà habitués à peupler les souvenirs d’enfance de sens intimes liés à l’anecdotes (les performances “Live me / Love me”, “Furlan Numero 23” ou “Gran Canyon Solitude”), avec “You can speak, you are an animal”, les tableaux et les images se multiplient et alternent sur une thème plus vaste dans une suite aussi narrative qu’un spectacle de variété déglingué et jouissif: chorégraphies sur fond de rock, intermèdes burlesques, pantomimes incongrues et meurtres oniriques. Et à défaut de faire sens, tout dans “You can speak, you are an animal” fait parler, donne voix, met en images, en niant autant l’idée d’imitation au profit de la composition d’images et de l’alliance avec l’animal.

  • – Anne Huguet, 491, Lyon, avril 2009 [Article]

    Autre approche, celle du jeune Suisse Massimo Furlan avec un ours – animal emblématique tout à la fois de l’enfance et des peurs ancestrales, mais aussi animal de foire – et un théâtre très visuel et musical, “You can speak, you are an animal” explore la question de l’animalité, du langage et de l’idiotie. Il s’interroge donc sur le paradoxe de l’ours, l’animal qui ne parle pas mais qui a une voix (il grogne), celui qui peut se mettre debout comme l’homme et marche à 4 pattes, celui qui incarne tout à la fois l’animal sauvage, prédateur, terrifiant par sa force, mais aussi cet animal dressé, civilisé, qu’on exhibe. Un spectacle tout en finesse et poésie qui travaille en même temps sur des zones de nostalgie. “Cela crée une sorte d’errance douce assez “déconnante” avec des personnages sortis de l’enfance”, précise Cathy Bouvard.

  • – Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 08.09.2009 [Article]

    Massimo Furlan et Oriza Hirata creusent des brèches dans le rendez-vous genevois

    Malgré son âge vénérable – 33 éditions – et ses artistes confirmés, La Bâtie-Festival de Genève continue à surprendre, à déranger. Ce week-end, les facéties acide­s de l’Italo-Suisse Massimo Furlan, comme la réalité insomniaque du Japonais Oriza Hirata ont désarçonné un public qui plébiscite ces explorations.

    L’an dernier, Massimo Furlan a sidéré le Festival d’Avignon avec des débats à la frontière entre réalité et plagiat. On y trouvait le vrai Hervé Vilard (le chanteur) se réclamant, pour de faux, fils de Jean Vilar (l’homme de théâtre). On y croisait encore la Vierge Marie et Jésus (les vrais?) et les sosies improbables de Romeo Castellucci et Valérie Dreville, artistes qui coprogrammaient cette édition 2008 du Festival d’Avignon. Soit une joyeuse confusion d’où émergeait, imperturbable, la parole d’un philosophe dissertant sur la filiation…

    Dans “You can speak, you are an animal”, à voir encore ce soir, même regard ironique sur les icônes et les grandes idées fondatrices. Massimo Furlan incarne Jaz Coleman, leader du groupe rock-punk Killing Joke dont plusieurs morceaux secoués émaillent la soirée. C’est lui, sous son maquillage grimaçant, qui ordonne la grand-messe entre nature et culture. Partisan d’une imagerie naïve, l’artiste représente la sauvagerie sous les traits d’un homme des cavernes, peau de bête et tignasse hirsute, tandis que la culture est suggérée par un petit garçon géant, culotte courte et chaussettes, à qui de noires sorcières tentent d’inculquer les rudiments du langage. Autour, un ours, faux vrai, et un ourson, tout faux, relaient cette idée d’avant et après la civilisation.

    Le principe du spectacle? De courtes séquences qui ne font pas sens. En tout cas, pas directement. Sous l’absurde pointe peut-être une critique de notre folie de tout maîtriser. Du drôle lesté d’un fond de gravité.

  • Wer lauert da im Dunkeln? – Nicole Strecker, Köhlner Stadt-Anzeiger, 28.02.2009 [PDF Article]
  • – Lesoir.be, 23.08.2008 [Article]

    Outre « La Mélancolie des dragons », deux autres spectacles interrogent le rapport entre réel et fiction à Avignon. Dans le cadre du programme « Sujets à vif », Massimo Furlan et Marielle Pinsard présentent « Chanteur plutôt qu’acteur ». Sur scène, une table basse et cinq chaises. Autour de l’animatrice, Karelle Menine, un débat sur la filiation et la transmission va réunir le metteur en scène Romeo Castellucci, la comédienne Valérie Dréville, le philosophe Bernard Stiegler et le chanteur Hervé Vilard. Ils évoquent notamment la question de savoir pourquoi ce dernier est devenu chanteur plutôt qu’acteur comme son père Jean Vilar, fondateur du festival d’Avignon.

    Les deux premiers cités sont interprétés, de manière hilarante par Massimo Furlan et Marielle Pinsard, épousant à merveille les inflexions de voix et les attitudes des deux artistes associés de l’édition 2008 du festival. Les deux autres sont par contre les vrais Bernard Stiegler et Hervé Vilard. L’un et l’autre se prêtent au jeu avec un mélange de sérieux et d’amusement remarquables.

    Drôle et jamais dupe, Hervé Vilard parvient même à émouvoir lorsqu’il explique comment l’orphelin qu’il était s’imaginait fils du grand acteur qui portait le même nom que lui. Quant à Stiegler, il réussit à faire passer un discours passionnant sur la filiation, l’éducation et la vie en société. Une prouesse au cœur d’un débat de plus en plus délirant qui verra l’apparition en chair et en os de la vierge et de l’enfant avant qu’un miracle se produise sous les yeux effarés d’un public écroulé de rire.

  • Alles der liebe wegen – Zürichsee Zeitung, 22.08.2008 [PDF Article]
  • Quatre “sujets à vif” exhibés à tous les vents – L'Humanité, Muriel Steinmetz, 22.08.2008 [PDF Article]
  • – Telerama.fr, Fabienne Pascaud, 21.07.2008 [Article]

    (…)
    Cette présence-là, Massimo Furlan la quête à travers de fausses interviews et prétendus débats réunissant de vrais intellectuels et artistes autour d’une thématique ouvertement ambitieuse et proche de la programmation du festival.

    Ainsi, ce matin, à 11h, dans le Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph, c’était Serge Margel (hier Bernard Stiegler) et le chanteur Hervé Vilard (toujours juste et maniant avec finesse humour et autodérision) qui parlaient de filiation aux côtés d’un faux Romeo Castellucci (Massimo Furlan en personne) enfiévré, d’un Christ muet, d’une madone en extase et d’une journaliste un poil trop fan de Claude Régy. Désopilante, évidemment, cette conversation rondement menée, et qui nous faisait saisir avec une insolence radicale nos préjugés artistiquement et intellectuellement corrects. Une saine désintoxication de nos bêtises satisfaites et de nos ridicules « mondains ». Massimo Furlan nous met face à nos trop faciles certitudes, ré-introduit le doute sur le vrai et le faux, l’intelligent et l’idiot. Et ce décapage au karsher de l’humour devient une bouffée d’oxygène en nos temps trop largement consensuels et acquiescants. Au moins le Festival d’Avignon ne l’est pas, lui, cet été, consensuel et acquiescant.

  • Vis l’art – Festivals, D.B, juillet 2008 [PDF Article]
  • Sparwasser Heldenminute – Dirk Pilz, Berliner Zeitung, 21.06.2008 [PDF Article]
  • Phantom-Fussball – Tobias Becker, Spiegel, 26.05.2008 [PDF Article]
  • Hansi im Fussballglück – Ingo Petz, Süddeutsche Zeitung, 20.05.2008 [PDF Article]
  • Und wieder wurden sie narrisch – Jochen Hiber, Frankfurter Allgemeine Zeitung, 19.05.2008 [PDF Article]
  • Fussball als Notwehr – Bernhard Odehnal, Tages Anzeiger, 13.05.2008 [PDF Article]
  • Monument für Hans Krankl – Armin Bardei, Observer, 01.05.2008 [PDF Article]
  • – MPG, Le Temps Sortir, 24.04.2008 [Article]

    Visiblement, pour Massimo Furlan, l’enfance est peuplée de démons à abattre. A commencer par ces parents qui ont baissé les bras et ne croient plus dans le bel amour. Plongeant dans l’univers du conte, avec force princes, princesses et dragon, le metteur en scène-plasticien lausannois propose une création à l’univers oppressant où les héritiers couronnés doivent résister aux assauts de petits être hydrocéphales et de démons rampants. Plus que cela, il poursuit son exploration d’un théâtre qui procède par tableaux d’exposition. Oui, des images arrêtées, avec autour des comédiens muets et immobiles fixant le public, un univers visuel et sonore qui enfle et charge le plateau d’une redoutable intensité. Un théâtre souvent sans parole, plein d’histoires nées de notre imaginaire collectif.

  • – Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 24.04.2008 [Article]

    A l’Arsenic, à Lausanne, Massimo Furlan situe la rencontre amoureuse dans l’univers hanté des contes de fées. Avec, toujours, son art consommé de l’imagier incarné.

    Massimo Furlan est le seul à faire ça. En Suisse romande en tout cas. Ailleurs en Europe, l’Italien Romeo Castellucci propose également ce type de traitement. Soit des images arrêtées, comme des tableaux vivants, qui racontent une situation à travers un univers visuel et sonore, tout-puissant. Pas de paroles, peu de gestes, mais des personnages postés face au public, au milieu d’un environnement, lumière et son, qui se modifie lentement. Après “(love story) superman” et “Les filles et les garçons” qui activaient déjà ce principe de vignettes, Massimo Furlan explore via le même principe l’amour naissant sur fond d’angoisses d’enfant. Princesse, dragon et monstres hideux: malgré son titre léger, “Sono qui per l’amore” n’a rien d’un refrain chantant.
    En dehors de ce travail dramatique et pictural, Furlan est aussi connu pour son jeu sur les sosies. On se souvient d’un défilé hilarant dans le cadre de la Bâtie-Festival de Genève où, parmi les personnalités convoquées, le Christ lui-même faisait son entrée. Un clin d’oeil à la fabrication d’icônes que le metteur en scène poursuivra cet été au Festival d’Avignon. Invité à créer un “Sujet à Vif”, forme courte de l’affiche officielle, il va brouiller les pistes en mêlant faux programmateurs et vrais philosophes pour une série de débats piégés…
    Sur la scène de l’Arsenic, à Lausanne, pas de people clonés. Mais l’univers oppressant des cauchemars d’enfant. Imaginé pour les deux fillettes de l’artiste qui jouent dans le spectacle, “Sono qui per l’amore” raconte comment l’âge tendre est peuplé de démons qu’il faut terrasser pour pouvoir aimer. Parmi les monstres, le cynisme, incarné par Furlan lui-même en fin de parcours. Chausses et cape rouges, l’artiste apparaît en roi fumant et fulminant: des corvées familiales à l’épouse qui devient fatalement un dragon, le rabat-joie n’épargne aucun détail de la déconfiture amoureuse. Le jeune prince devra trouver la parade face au grognon.
    Cette séquence parlée, la seule, arrive comme une respiration après une heure de visions enténébrées. Car, encore une fois, la dernière proposition de Massimo Furlan ne plaisante pas. Le plus souvent, des créature étranges, avortons hydrocéphales, chimères rampantes ou épouvantails en plumes viennent hanter les petits d’hommes prétrifiés. Le plus souvent aussi, la musique gronde avant d’atteindre des volumes assourdissants. Le tout dans une obscurité parfois trouée de contre-jours savamment inquiétants.
    Car c’est, bien sûr, l’idée insoutenable de la mort d’un enfant que défie Furlan. Par deux fois, des représentations de Pietà rappellent la douleur universelle de la mère pleurant la chair de sa chair. Une femme aux cheveux blancs, visage pâle, agenouillée, avec, dans ses bras, un petit corps abandonné. Une musique qui enfle, enfle, comme le cri d’un coeur déchiré: même muets, les personnages de Furlan son terriblement parlants.

  • De la féerie aux contes de fées – Christian Indermühle, Le Courrier, 23.04.2008 [PDF Article]
  • – Anne-Sylvie Sprenger, 24 Heures, 21.04.2008 [Article]

    Théâtre, “Sono qui per l’amore”, la dernière création de Massimo Furlan à l’Arsenic, interroge les contes de fées en quelques images minimalistes. Critique.

    Massimo Furlan n’aime ni les excès de paroles ni les chemins trop balisés. L’artiste lausannois croit en la force de l’imaginaire qui construit, reconstruit sa propre histoire – celle d’un spectacle en l’occurrence – à partir de bribes d’images “volées” dans la grande boîte noire d’un théâtre.
    Comme pour ses précédentes créations, dont les envoûtants “Palo Alto” ou “(love story) Superman”, Massimo Furlan a dessiné “Sono qui per l’amore”, présenté ces jours à l’Arsenic, loin de toutes structures narratives et autres explications. En quelques images, surgies du noir où baigne le public, il réveille quelques sensations propres aux contes de fées: la peur, celle de se perdre dans une grande forêt ou d’être abandonné, l’amour, le rêve du prince charmant et de la princesse qui se retrouvent enfin.
    Comme des flashs de quelques minutes, les images s’offrent au public, puis s’évanouissent dans l’obscurité. On y croise un enfant et sa grand-mère qui s’étreignent, des jumeaux monstrueux, des fées bienfaisantes, un Bambi qui vole dans les airs, un roi gouailleur, un prince adolescent et une princesse-enfant qui dansent ensemble. Car sur scène, Massimo Furlan mélange les différents âges de la vie, comme si on était tous, et l’enfant, et le vieillard, le petit prince et la sorcière.
    Courtes, presque immobiles, ces scènes imprègnent la rétine, mais sans vraiment toucher au coeur. Il semble manquer à l’ensemble un certain mouvement, narratif ou émotionnel, pour que cette création se libère de son effet “projection de diapositives”. Dans l’état, ces éclats de contes restent assez creux, quand bien même l’enfant en nous aimerait encore s’y perdre.

  • – C. J., 24Heures week-end, 17.04.2008 [Article]

    Théâtre, “Sono qui per l’amore” à Lausanne.
    L’amour comme moteur

    Après avoir sondé l’âme des garçons pour pénétrer leurs rêves d’amour, les projeter sur son plateau et chatouiller ainsi l’imaginaire du public, Massimo Furlan plonge dans l’univers du conte pour explorer la question de la peur, et plus particulièrement la crainte de l’abandon. “L’amour est le moteur de tous les récits”, affirme l’artiste. Sa nouvelle création met en scène une petite fille qui croit aux fées et au prince charmant, un adolescent peut-être amoureux, des jeunes femmes rêveuses et d’autres plus âgées. Près de vingt protagonistes animent ainsi les fantasmes de Furlan, qui efface les repères temporels et emmène les spectateurs dans un espace virtuel scintillant où se mêlent passé, présent et futur.

  • – Alexandre Demidoff, Le Temps, 17.04.2008 [Article]

    Le performer italo-suisse Massimo Furlan se penche sur les ressorts de la passion

    “Dis-moi, papa, ça vaut dire quoi tomber amoureux?” “Est-ce que ça fait mal?” “Est-ce que ça dure?” “Et pourquoi, tu dis toujours que l’amour passe?” Ces questions, Massimo Furlan se les est peut-être posées dans le secret de sa chambre d’enfant. On le jurerait du moins. Le plasticien et performer italo-suisse est un cartographe du coeur. Qu’il reconstitue en solitaire la finale du Mundial 1982, à la Pontaise à Lausanne ou au Parc des Princes à Paris; ou qu’il revête la cape de Superman comme en 2005, l’artiste ne cesse de rallumer les braises d’une passion jamais tout à fait éteinte. Au stade ou au théâtre, il éprouve l’amour – pour une équipe de football, un héros de fanzine, une passante. Il en redessine aussi les contours, attentif aux zones de flou.
    Dans “Sono qui per l’amore”, sa nouvelle création, Massimo Furlan inventorie des fictions d’amour. Des contes qui n’en sont peut-être pas. Sur scène, une petite fille qui croit aux fées, un adolescent, des jeunes femmes et d’autres moins printanières. Chacune de ces présences est prière. Demande muette d’attention. D’amour, surtout.
    Chacun de ces passants est aussi récit en puissance. Massimo Furlan juxtapose des histoires au ciel azur presque aussi beau que ceux qui tapissent certains romans courtois, d’autes aux nuages tragiques, d’autres aux buissons ardents. Il dit vouloir mettre au jour des manières de raconter la panique des coeurs. Dans sa quête, il entraîne dis-sept complices, parents, amis, artistes. Une tribu, donc, soudée par le vertige.

  • Sono qui per l’amore, Massimo Furlan à l’Arsenic – Scène Magazine, Frank Dayen, avril 2008 [PDF Article]
  • Enfant de la balle, Massimo Furlan se raconte en scènes – Nicolas Chauvin, 24 Heures, 27.03.2008 [PDF Article]
  • Au vélodrome, tout le monde a joué le jeu mais le dieu du stade, c’est Massimo – Patrick Merle, La Provence, 18.11.2007 [PDF Article]
  • Michel Hidalgo – Patrick Merle, La Provence, 17.11.2007 [PDF Article]
  • Capitaine abandonné – Cédric Coppola, La Marseillaise, 17.11.2007 [PDF Article]
  • Massimo Furlan dieu du stade – Fred Sturlesi, Marseille l'Hebdo, 14.11.2007 [PDF Article]
  • – Samuel Schellenberg, Le Courrier, 24.04.2007 [Article]

    Lausanne. A l’Arsenic, Massimo Furlan orchestre une rencontre scénique où ces messieurs sont rapidement remis à leur place. Jouissif et punk!

    Chez Massimo Furlan, femmes et hommes ne viennent pas de Venus et de Mars. Dans « Les Filles et les garçons », à l’Arsenic de Lausanne, ils viendraient plutôt de Renens, d’Ecublens, ou encore de Libertyville, USA. Dans une nouvelle création qui aligne des bijoux de saynètes, l’artiste lausannois se penche sur le rapport entre les sexes. Et invite, une fois n’est pas coutume, l’écrivain et performer Christophe Fiat à écrire un texte pour lui – parenthèse sombre en milieu de pièce, la proposition du Français revisite deux histoires d’épouvante de Stephen King, sur fond de mal-être ado.

    Il y a deux ans au même endroit, dans « (love story) Superman », les garçons menaient la danse – essentiellement pour une question de nombre, il est vrai. Aujourd’hui, avec quatre représentants de chaque sexe, dont Furlan et Fiat dans le camp masculin, les choses se passent différemment. On se regarde tout d’abord en chiens de faïence, avant de passer aux choses sérieuses : sur un écran translucide à l’avant de la scène, où seront régulièrement projetées des images, ces messieurs volent dans tous les sens, subissant uppercuts et coups de pieds de la part de filles qui ne s’en laissent pas conter.
    Et pour mieux inculquer sa leçon, la gent féminine n’hésite pas à s’approprier des symboles de la masculinité triomphante – en premier lieu trois guitares et une basse réglées à plein volume.

    « Les Filles et les garçons » réunit tous les ingrédients qui font des propositions de Furlan des objets à part : souvenirs d’adolescence, « tableaux » d’une grande qualité visuelle, lumières verticales, ambiances alternant burlesque et mélancolie.
    Autant de furlaneries que l’on retrouvait aussi dans les précédents « Palo Alto » (2006) ou « Gran Canyon Solitude » (2003) mais que « Les Filles… » sublime dans la confrontation avec la noirceur du texte de Fiat – véritable test pour l’univers de Furlan, peu habitué à s’imposer une telle dose de pessimisme. En renversnant aisément la vapeur – le final jouissif suit une délicieuse scène d’Euro-karaoké –, le propos du Lausannois démontre la solidité de ses assises.

  • – Anne-Sylvie Sprenger, Le Matin Dimanche, 22.04.2007 [Article]

    « Dès la première enfantine, la relation entre filles et garçons nous poursuit. Que l’on soit enfant, adolescent, célibataire ou père de famille, on a toujours ce rapport impressionnant et impressionné avec l’autre sexe », lâche Massimo Furlan, l’œil titillé à l’idée de ce territoire mystérieux qui reste toujours à découvrir.
    Fasciné par la question – « mais qui ose dire qu’il ne l’est pas ? » –, le metteur en scène lausannois lui dédie son dernier spectacle, sobrement intitulé « Les filles et les garçons ».
    Du Massimo Furlan pur cru, avec imageries fantasmatiques, ton décalé, références pop et autres touches très personnelles, comme ces réminiscences de l’enfance où se mêlent la peur et la honte. « Je me souviens avec émotion de ces moments de panique absolue où, au lieu d’aller vers la fille qui nous plaît, on reste planté là, les bras ballants, laissant peut-être passer l’occasion de sa vie ».

    La vision des garçons

    Le spectacle de Massimo Furlan donne en effet à vivre ce rapport à travers la vision des garçons. Après le foot et Superman, qui ont fait les sujets savoureux de ses précédents spectacles, c’est précisément au tour des filles d’être auscultées ici sous son regard personnel. « Je ne fais pas un objet pédagogique où j’aurais observé ce rapport sous toutes les coutures. Il y la vision de Christophe Fiat (l’auteur du texte utilisé dans le spectacle, n.d.l.r.) et la mienne, que j’ai puisée dans ma biographie, dans les choses de l’enfance ou de l’adolescence : les filles sont magnifiques, sublimes, totalement intouchables. Parfois on se rencontre, en tout cas on l’espère toujours. »
    Avec des images très fortes et visuellement travaillées, l’artiste se met joliment à nu le cœur, comme avec cette scène où une fille assène une rafale de coups au garçon qui se jette à ses pieds. Est-ce à dire que tomber amoureux, c’est se prendre un coup dans la figure ? « Au sens propre comme au figuré ! » répond l’italien de sang, pas si séducteur que ça.
    « Quand on tombe amoureux, ça ne se passe pas du tout comme on le rêve, c’est rarement un duo absolument aérien. D’autres fois, il ne se passe juste rien, et c’est tout aussi terrible. En tant que créateur, j’adore ces rendez-vous manqués, ces grandes tragédies de la vie intime qui marquent au fer rouge. »

    Douloureuse adolescence

    Sous la loupe également, l’âge douloureux de l’adolescence, qui va de pair avec l’éveil à l’autre sexe. Christophe Fiat fait appel aux héros solitaires de Stephen King. Massimo Furlan, lui, décide de donner dans le son rock, avec une horde de filles qui grattent sur leurs guitares électriques.
    A la rage adolescente, répondent les bandes-son de grands westerns, comme le rappel d’un temps où tout semblait si simple entre garçons et filles. « Ces voix de cow-boy habitaient aussi notre enfance, c’était des modèles de héros. Mais, quand on les sort de leur contexte, ces stéréotypes se cassent la figure. »
    Lui qui invoque toujours le kitsch dans ses créations, n’a-t-il pas justement l’impression que la relation amoureuse est le lieu par excellence du kitsch ?
    « A force de trop vouloir bien faire, dans sa façon de s’habiller ou de s’exprimer, on tombe souvent dans le kitsch. Et il y a toujours ces chansons de variété qui accompagnent nos histoires d’amour. Elles sont ultrakitsch, mais en même temps c’est tellement beau. Même quand j’étais punk, si j’écoutais cette musique, je tombais amoureux direct. »
    Et, aujourd’hui, où en est-il dans ses tentatives pour comprendre les filles ? « Je n’y suis pas encore, malgré mes efforts quotidens. Ça reste un mystère fantastique, un territoire inconnu qui nous remplit de doutes. Il n’y a pas de repos, et heureusement ! »

  • – Michel Caspary, 24Heures, 20.04.2007 [Article]

    Performance. Dans « Les filles et les garçons », à l’Arsenic, Massimo Furlan continue à traquer les souvenirs de son adolescence et le mystère de la figure féminine.

    Il est têtu, Massimo Furlan. Voilà des années qu’il met en scène, dans une salle ou dans la nature, ses obsessions postadolescentes. Pour fil rouge, une question : qu’est-ce qu’une femme ? Il a beau être marié, ce jeune quadragénaire n’a toujours pas trouvé la réponse. Ce n’est pas faute d’avoir essayé avec ses productions « Girls change places » (dans le train Nyon-St-Cergue), « (Love Story) Superman » (à l’Arsenic) ou encore, depuis mardi, « Les filles et les garçons (au même endroit). On le soupçonne, cependant, de brasser volontairement, et non sans jouissance, toujours les mêmes cartes. Les aficionados de Massimo Furlan (ils sont nombreux) retrouvent ainsi dans cette nouvelle création des personnages, des images, des accessoires, des effets techniques et des comédiens récurrents. Avec une nouveauté, cependant : du texte !
    Un seul, pas très long, signé Chrisophe Fiat et incarné par Shin Iglesias, ici membre d’un quatuor de rockeuses. On y découvre les affres d’un garçons et d’une fille, qui se disputent avec leurs parents respectifs, qui flirtent avec la mort, dans une ambiance empruntée à Stephen King, roi de l’horreur littéraire, mais aussi cinématographique, en souvenir de cette vicieuse voiture tueuse nommée « Christine ».
    Du cinoche donc, dans ce spectacle qui se joue derrière un immense tulle, sur lequel se multiplient les projections. On y voit des garçons secoués comme des punching-balls par des filles (c’est toujours elles qui commandent au bout du compte, non ?). Ou encore Sylvester Stallone dans « Rocky », héros américain par excellence. Et le rêve américain, ce n’est pas rien dans les souvenirs du petit Massimo. Ce Rocky parti de rien, qui fait de son corps et de ses poings ses jockers, et qui rêve de gagner, mieux : de s’envoler. Entre Icare et Superman. On ne se lasse pas de ces références. De ces anges qui n’ont peur de rien, quitte à se brûler les ailes.

    Univers ludique

    Références et métaphores sont nombreuses dans l’univers ludique de Furlan. Côté bande-son, un petit tour du côté du western (« Il était une fois dans l’Ouest », sauf erreur). Côté chorégraphique, un petit clin d’œil à « West Side Story », avec deux clans qui se toisent, celui des filles et celui des garçons, où chacun fait le malin, joue au dur, veut la bagarre, mais a le cœur tendre. Le temps d’un ballet à deux irrésistible sur la chanson du groupe Il était une fois , « J’ai encore rêvé d’elle » – et si fort « Que les draps s’en souviennent/Je dormais dans son corps/Bercé par ses « Je t’aime ». Kitsch ? Et comment ! Mais avec un tel décalage que cela en devient drôle ou touchant. Massimo est un Roméo amoureux de toutes les Juliette du monde. Il le parcourt depuis des lunes, en vélomoteur ou en rêves, avec ou sans pyjama Calida. A sa manière, il mène le bal, distillant sans retenue des « Baby, I Want you, Ich liebe dich » ou « Ti amo » à ces filles inaccessibles. On en connaît une, cependant, qui a craqué : la mère de ses trois filles. Croyez-vous qu’elle soit jalouse ? Pas du tout. Elle joue dans les spectacles de son mari. Tous les garçons et les filles de leur âge ont une nostalgie sincère ou secrète qui les rassemble mais leur fend parfois le cœur. Et le nôtre avec.

  • – L’Hebdo, 19.04.2007 [PDF Article]

    Fantaisie.

    Après le foot et Superman, le Lausannois Massimo Furlan pose son regard vif et amusé sur les relations filles-garçons au temps de l’adolescence. Mêlant ses propres souvenirs (la trouille qu’on a au ventre quand la fille est belle et nous plaît) au texte de Christophe Fiat, qui convoque dans son analyse les héros adolescents de Carrie et Christine, tout droit sortis de l’imaginaire de Stephen King, le metteur en scène propose un spectacle indéniablement haut en couleur. Aussi disparate qu’imprévisible, ce drôle d’objet théâtral marie, avec un kitsch délicieusement soigné, tutus vaporeux, cow-boys désuets, images vidéo et guitares électriques. Un spectacle détonnant, où l’on retrouve avec bonheur cette désormais fameuse « Furlan touch », qui vibre ici sous les tubes fleur bleue des années quatre-vingt.

  • – Corinne Jaquiéry , 24Heures week-end, 12.04.2007 [Article]

    Massimo Furlan, créateur d’images vivantes, s’associe pour la première fois à l’auteur Christophe Fiat et fantasme un univers kitsch et rock où les filles sont toujours sublimes et les garçons pitoyables.

    « La couverture du magazine « Rock’n’Folk » avec la chanteuse Debbie Harry a changé ma vie d’adolescent. Elle était grandissime… Je n’ai plus jamais été le même après ça ! » s’exclame mi-sérieux, mi-rieur, le plasticien et metteur en scène Massimo Furlan. Paléographe de la mémoire, il s’inspire de l’empreinte indélébile laissée par certains souvenirs. Alors, dans « Les filles et les garçons », quatre jeunes femmes néophytes (Anne Delahaye, Claire de Ribaupierre, Sophie Guyot et Shin Iglesias) s’emparent de l’instrument guitare avec toute la rage de vraies rockeuses. « Massimo parvient à susciter un tel climat de confiance, que nous le suivons, quoiqu’il nous demande », souligne Sophie, qui a déjà joué pour lui les girls emplumées ou les reines cosmiques.
    En replongeant régulièrement dans une enfance mythifiée, Massimo Furlan extrait la substance qui donne naissance à des séries d’images scéniques surgies de la nuit. Elles sont à la fois poétiques et délirantes, burlesques et fascinantes. Rythmées par des tubes populaires ou très rock, elles résonnent en écho universel de l’enfance. Envoûté par les allégories féminines aussi bien sexy que vertueuses, l’artiste met aussi en scène le désarroi masculin. « Je me rappelle notamment des moments de panique absolue où j’ai laissé partir une fille de peur de l’aborder. Je ne me souviens plus vraiment des visages, mais mes ratages restent à vif ! » Avec « Les filles et les garçons », Massimo Furlan poursuit sa recherche autour des idéaux enfantins et questionne la rencontre entre les sexes, tentant littéralement d’entrecroiser les deux mondes. « Dans le spectacle, il y a notamment une ruse pitoyable des garçons qui espèrent tromper les filles en s’introduisant dans leur univers, camouflés sous des tutus. Ils vont évidemment très vite se faire repérer et en être violemment éjectés. »
    En travaillant avec le texte de l’écrivain Christophe Fiat, également interprète, le Lausannois donne un côté plus sombre et radical à son propos. Les interrogations existentielles des deux artistes ont d’ailleurs des points communs, même si l’un imagine contre toute raison que la rencontre aura lieu, alors que l’autre la sait impossible.
    « Un peu plus tôt dans mon enfance, une autre image m’a marqué, se remémoire encore Massimo Furlan. Celle d’Ursula Andress topless dans le film « La montagne du dieu cannibale » de Sergio Martino. La voir ainsi, attachée à un arbre et toujours magnifique, avait suscité une émotion que j’ignorais jusqu’alors… »
    Epoux comblé de l’historienne de l’art Claire de Ribaupierre qui participe à la construction de ses fantasmagories, il n’en revient pas d’être devenu cet adulte qui vit et travaille avec des femmes exceptionnelles : « Elles sont intelligentes, sublimes et mères de famille. Et nous les garçons, on essaie de rester à la hauteur, de faire ce qu’on peut… »

  • Furlans Klamauk – Felizitas Ammann, Tages Anzeiger, 12.03.2007 [PDF Article]
  • – Eva Bucher, Neue Zürcher Zeitung, 08.03.2007 [Article]

    Der Westschweizer Massimo Furlan Zeigt mit « Palo Alto » ein Theater ohne Worte. Im Rahmen der Reihe « Gipfelstürmer – Plattform junge Schweiz ».

    Zauberer wissen : Dinge aus dem Dunkel auftauchen zu lassen, sie blitzschnell in grelles Licht zu tauchen und anschliessend ebenso schnell wieder im pecchschwarzen Raum zu versenken – das ist Magie. Auch der Performance-Künstler Massimo Furlan, der Lausanner mit italienischen Wurzeln, kennt dieses Rezept. Bloss würzt er den charmanten Spuk noch mit einer Prise Verschrobenheit. Wenn seine Gestalten aus der Dunkelheit ins Licht treten, wirken sie wie zu prallem Leben erwachte Wachsfiguren.

    Und seine Bühne wird zum magischen Kabinett, in welchem sich Dinge begegnen, die eigentlich nichts miteinander zu tun haben. Diese gruppieren sich zu hypnotischen, wie aus disparaten Erinnerungsfetzen gewobenen Bildern. Ein Wunderland taucht aus dem Dunkel auf. Die Muttergottes samt Sohn posiert neben federgeschmückten Lido-Girls, ein Herzensbrecher, ein altes Paar wird von menschlichen Hundegestalten umschnüffelt, Akrobaten mit müden Muskeln und traurigen Augen stemmen sich gegenseitig in die Höhe. Und zu allem ertönt eine Musik, die manchmal in den Ohren, manchmal in der Seele weh tut.

    « Palo Alto » : der Titel bezieht sich nicht nur auf die Stadt in Kalifornien, sondern auch auf einen Song von Radiohead, der 1998 die Unverbindlichkeit der Überkommunikation ironisierte. Tatsächlich berührt Furlans « Theater ohne Worte » viele Ebenen zwischen Poesie und Banalität, Kitsch und Tiefsinn, Ironie und Selbstvergessenheit. Der eigentümliche Zauber des Stücks erinnert auch an Furlans früheste Leidenschaft : Als Kind liebte er es, in den Sommerferien Zirkusshows zu Radiomusik zu kreieren.

  • – Bruno Lesprit, Le Monde, 10 août 2006 [Article]

    Presque un mois jour pour jour après la défaite des Bleus en Allemagne en finale de la Coupe du monde de football, une rencontre historique d’un autre Mondial se rejouait au Parc des Princes, mardi 8 août. Massimo Furlan y donnait “Numéro 10”, une performance gratuite, dans le cadre de Paris quartier d’été. Ce Suisse d’origine italienne revêtait la tenue de Michel Platini. Avec un scénario connu d’avance: la reconstitution en temps réel du match France-Allemagne, demi-finale de 1982, soldée par la victoire de la Mannschaft à Séville. Autrement dit, “le” traumatisme national avant l’avènement de Zidane.

    Dans ce registre, Massimo Furlan n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà refait la finale de cette année-là, Italie-Allemagne. Mais le respect de l’histoire l’oblige cette fois à rester 45 minutes supplémentaires sur la pelouse. Car les Allemands l’emportèrent à l’issue des tirs aux buts après une rencontre ponctuée de coups de théâtre (3-3).

    Deux heures et demie, cela paraît long. Car Massimo Furlan est seul, jouant avec des partenaires et contre des adversaires invisibles. Sa performance est d’abord physique: il court dans le vide, faisant renaître la gestuelle de Platini, ses élans et ses doutes, ses récriminations auprès de l’arbitre, sa joie après les buts français et sa détresse finale. Les écrans brouillent la réalité en mêlant des actions du match et des ralentis du remake de Furlan.

    Enfin, il n’est pas tout à fait seul: depuis le banc de touche l’observe le sélectionneur national, Michel Hidalgo. Cette fois, c’est le vrai, revivant ce qui fut sans doute le moment le plus épique et douloureux de sa carrière. A tel point qu’il est sorti ému de l’expérience: “Massimo a mis des sentiments dans ce qu’il faisait. J’avais des contacts avec lui, par exemple quand je me suis assis à ses côtés à la fin du match. Tout y était à Séville: la beauté du jeu, la brutalité bête et méchante symbolisée par l’agression, dans la surface de réparation, du gardien Schumacher sur Patrick Battiston, les décisions de l’arbitre qui n’a pas exclu ledit Schumacher, ni sifflé de pénalty et le dénouement inattendu. Mais aujourd’hui, à Paris, c’est un spectacle: on sait comment il va finir.”

    Impromptus comiques

    A l’entrée, les quelque 700 spectateurs – sur 45000 places, une affluence dadaïste! – ont reçu un petit transistor. C’est ainsi que Furlan, gamin, a suivi les matches de foot avant de les rejouer dans sa chambre avec une balle en mousse. En cela, son spectacle repose sur une idée géniale: tous les travailleurs (les camionneurs notamment) officiant les soirs de rencontres ont dû imagniner visuellement les actions qu’ils entendaient. Le football a aussi été oral.

    Au Parc des Princes, l’appareil permet d’écouter les commentaires de Didier Roustan. Cet ancien journaliste de TF1 (à l’époque chaîne publique) incarnait par son humour dérisoire le terme d’une alternative dont l’autre était la beauferie de Thierry Roland. Ce soir, en compagnie de l’ancien défenseur international Basile Boli, il distille des perles anachroniques sur l’évolution du football moderne (argent et dopage) et des clichés professionnels, entre “c’est une cuvette, ce stade de Séville” et “c’est la magie de la télévision”.

    Deux impromptus comiques agrémentent la soirée: le premier est l’irruption d’un “striker”, ces exhibitionnistes courant nu sur la pelouse avant d’en être chassés par les forces de l’ordre; l’autre, un matelas rose sur lequel Furlan exécutera confortablement le retourné platinien de 1982.

    A la mi-temps, les spectateurs sont restés. Mieux, ils ont effectués quelques olas et encouragé “Massimo Platini”. “Ce qui m’a séduit, expliquait pour sa part Didier Roustan, c’est la folie du projet: se retrouver dans la peau de Platini dans un véritable stade de foot.” Folie? Difficile de ne pas rapprocher “Numéro 10” de la séquence finale de “Blow up”, le film de Michelangelo Antonioni, avec sa partie de tennis: quand David Hemmings entend le bruit des balles après avoir contemplé un court vide.

  • – Bruno Cher, Libération, 8 août 2006 [PDF Article]

    Ce soir, seul sur le terrain du Parc des Princes, le comédien Massimo Furlan incarne Michel Platini dans le match traumatique de la demi-finale France-Allemagne du Mondial à Séville

    Difficile d’évaluer combien de spectateurs garniront les gradins du Parc des Princes ce soir. 50, 500 ou 5000, peu importe, on sera bien loin des 45000 personnes que le stade engrange quand le PSG s’y produit. Une sensation de vide, donc, que devra affronter un seul homme: Massimo Furlan, comédien suisse d’origine italienne. Il y donnera “Numéro 10”, une performance dans le cadre de Paris Quartiers d’été. Pourtant, ce sera bien de foot dont il sera question au cours des cent vingt minutes du spectacle. “Je vais rejouer la fameuse demi-finale de la coupe du monde 1982 à Séville perdue par l’équipe de France face à l’Allemagne.” Tout y passera: les buts, les occasions, l’agression de l’infâme Schumacher sur Battiston, les prolongations et le cruel dénouement après l’euphorie des Français. Furlan n’incarnera qu’un joueur: Michel Platini, héros français de ces années-là.
    “J’aimais beaucoup Platini, sa manière de jouer mais aussi de discuter l’arbitrage, de protester. Toute sa gestuelle.” Pour coller au plus près du personnage, Furlan pourra compter sur une oreillette qui lui rappelera les déplacements du numéro 10 français, mais aussi sur les commentaires “live” de Didier Roustan, le journaliste sportif le plus allumé du PAF. “Il a accepté tout de suite, rigole Furlan, ça l’a beaucoup amusé. C’est lui qui m’a mis en relation avec Michel Hidalgo, l’entraîneur français de l’époque, qui devrait être là aussi pour rejouer cette demi-finale. Il sera au bord du terrain, mimant ces gestes bizarres qu’ont les entraîneurs et que personne ne comprend, à part les joueurs peut-être. J’espère qu’il portera le même tee-shirt qu’à l’époque.” En 1982, Furlan avait 17 ans et vibrait plutôt aux exploits des Azzuri, l’équipe d’Italie qui, cette année-là, remporta le titre face aux Allemands. “Je suis né en Suisse mais mon père était de Trieste. On suivait le foot à la radio et, quand il y en avait, à la télé. Cette victoire de l’Italie est restée un de mes grands souvenirs.” Voilà tout le travail de Furlan: le souvenir et, en corollaire, l’oubli. comme chez Georges Perec ou Claude Simon. “La question de la biographie est au centre de tout. Quand j’étais petit, je nouais un mouchoir autour de mon cou et, en pyjama, je me jetais sur le lit en pensant que j’étais Superman. Et, quand je jouais au foot, c’était dans ma chambre, tout seul, où je marquais les plus beaux buts du monde…” De ses souvenirs, Furlan a monté des spectacles. Celui qu’il donne ce soir est l’adaptation de “Numero 23”, où il s’imagine faisant partie de l’équipe d’Italie 82. “Je l’ai joué la première fois en 2002 à Lausanne par -5°C et dans un état de stress abominable. Après quelques minutes, j’ai commencé à retrouver le plaisir du geste, la chorégraphie. Les spectateurs ont joué le jeu et ont réagi comme s’ils étaient devant un vrai match. C’était très drôle. A la fin, ils sont repartis en faisant un concert de klaxons…”
    De son propre aveu, la vie de Massimo Furlan, à 41 ans, est assez banale. “C’est aussi pour cela qu’on se souvient de ces moments-là. Raconter toujours cette même histoire fait remonter les émotions à la surface et touche à quelque chose d’intime. Quand j’ai joué ce spectacle à Milan, un homme est venu me voir en disant qu’il avait pleuré pendant tout le premier quart d’heure. Parce que cela lui avait rappelé ce qu’il avait vécu à cette époque. Ce sont des moments d’histoire.”

  • – Cathy Blisson, Télérama sortir, 2 août 2006 [Article]

    Enfant, Massimo Furlan mimait en solitaire les matchs de foot retransmis à la radio. Adulte, il continue… sur un vrai stade.

    Massimo Furlan est né en Suisse de parents italiens, n’a pas rencontré Che Guevara, pas fait le tour du monde pieds nus. Donc il puise dans les souvenirs quelconques qui font les drames et tragédies d’une existence. Comme ses parties de foot en solitaire. “Je jouais seul dans ma chambre, en écoutant les retransmissions de la radio italienne, dit-il. Je plongeais sur la moquette; mon bureau faisait office de but et la chaise, de gardien. J’étais champion du monde quatre fois par soir, transporté dans un stade de 80 000 personnes dont je devenais la figure héroïque.”
    Mais voilà, en 2000, il a 37 ans (âge avancé de retraite footballistique) et le sélectionneur de l’équipe d’Italie ne l’a toujours pas appelé. Massimo poursuivra donc sa vie d’artiste, plasticien sorti des Beaux-Arts converti aux travaux scéniques (pas vraiment du théâtre, pas vraiment de la danse, mais des objets artistiques peuplés de personnages fantasmés). Il est temps, pour lui, de jouer son match d’adieu au rêve de sauveur de la Juventus de Turin. Alors il revisite la finale Italie-Allemagne de 1982, dont il rejoue la moindre action, seul et sans ballon, dans un stade de Lausanne, puis à Milan. Accompagné en direct par la voix d’un mythique journaliste radio local, qui le glisse enfin, lui, Furlan, numéro 23, dans le commentaire du match. En Italie, tandis qu’il court, dribble et tire en solo sur la pelouse, 3000 “supporters” l’acclament et “font la hola” avant de traverser la ville en klaxonnant.
    Avis aux traumatisés de la Coupe du monde 2006, ce qui suit pourrait heurter votre sensibilité. Car, pour Paris Quartiers d’été, Massimo s’apprête à faire revivre au Parc des Princes une précédente tragédie footballistique nationale: la demi-finale France-Allemagne 1982, perdue par les Bleux aux tirs au but. Avec le journaliste télé Didier Roustan au commentaire, le sélectionneur de l’époque, Michel Hidalgo, sur le banc de touche, et Massimo Furlan sous la casaque de Platini, le numéro 10, “celui qu’on appelle toujours l’artiste”. L’artiste populaire, les fantasmes qu’il incarne, sa quête de reconnaissance: voilà la matière première du performer Furlan. Une icône, que Massimo l’artiste s’escrime à imiter au fil de tentatives “pathétiques et kamikazes”, qu’il soit joueur de foot, chanteur de charme ou même Superman. Chaque soir, le petit Massimo revêtait ses pyjamas bruns avec bouts de manches jaunes, qui ressemblaient furieusement à des panoplies de superhéros, pour peu qu’il les assortisse de bottes en caoutchouc et d’une serviette autout du cou. Quadragénaire, Furlan, pour une performance présentée à la Villette en 2005, a rhabillé quelques-uns de ses amis et lui-même en supermen poursuivant une jeune fille qu’ils n’attrapaient jamais. Mais un jour, c’est écrit, il sera un héro, un vrai. Dans une prochaine vidéo, il recevra moult récompenses mirifiques, du prix Nobel au trophée de formule I. Cela s’appellera “And the Winner is…”

  • “Je teste toujours mes idées en français” – Nathaniel Herzbek, Le Monde, 27.04.2006 [PDF Article]
  • Massimo Furlan, Latin Performer – Samuel Schellenberg, Le Courrier, 22 avril 2006 [Article]
  • – Anne-Sylvie Sprenger, 24 Heures, 22 avril 2006 [Article]

    La nouvelle création de Massimo Furlan, orchestrateur d’images, séduit le public de l’Arsenic.

    C’est du noir intense que sortent les images de ce spectacle, comme les souvenirs éclatent soudainement dans le présent, flashs incisifs aux couleurs vives, exacerbés par le regret du jamais plus. Présenté ces jours à l’Arsenic, “Palo Alto”, la nouvelle création de Massimo Furlan, orchestre avec malice quelques souvenirs d’enfance, entre jeux de cirque, chansons kitschissimes et figures bibliques.

    Du noir, donc, et la bande-son de Radiohead, une musique rugueuse et incertaine. Et ces flashs, comme des fantasmagories étranges, mais sans inquiétude. Une danseuse emplumée, Jésus et Marie, un vieux couple, un skieur, deux jeunes filles patriotes ou encore un chanteur has-been. Associations étranges, comme l’est le fonctionnement de la mémoire et des rêveries solitaires. Massimo Furlan crée dans la bonne humeur, et cela se sent. Comme s’échappe l’odeur fruitée de la nostalgie de ses vacances d’enfant. Sur scène, dix-huit commédiens enivrent le spectateur de sensations éparses. Les appartitions d’un Joe Dassin endimanché et d’une troupe de cirque aux efforts inversement proportionnels à la difficulté de leurs exploits sont entre autres tout simplement irrésistibles.

    Avec grâce, le kitsch et le sacré se croisent, avec esprit la poésie et le risible s’effleurent dans ce spectacle qui réfute tout sens pour porter le spectateur dans un “état de contemplation”. En effet chez l’artiste lausannois, les mots ne comptent pas. Trop clairs, trop explicites, il leur préfère la liberté d’interprétation qu’offrent les images, leur force à stimuler les imaginaires de chacun. Le spectacle proposé n’en est pas moins d’une précision remarquable et l’on se doit de noter la qualité de l’éclairage, qui donne, comme on dirait d’un film, une photographie chaude et envoûtante. Et quand Marie fait des bêtises avec le sythétiseur, sous le regard agacé de son saint fils, on se rappelle que tout n’est que jeu, tout n’est qu’émotion.

  • – Miruna Coca-Cozma, L'Hebdo, 13 avril 2006 [Article]

    Au commencement, il y a l’image. Un instant figé qui se cache dans les méandres de la mémoire. Ensuite, il y a le détournement, cette façon de créer des tableaux vivants dans la longueur et le silence. A la fin, il reste ce goût d’absurde, de burlesque et, surtout, d’autodérision. “Toujours! Pour quelqu’un qui aime rire des autres, il faut savoir rire de soi, sinon ce n’est pas drôle. L’humour est un procédé qui permet le renversement d’un monde donné.”

    Renverser et éclater, c’est ce qu’aime Massimo Furlan, ce peintre devenu scénographe qui vit en grand ses rêves de Superman. Le môme Massimo, autrefois en pyjama Calida bleu, une serviette attachée autour du cou, accomplit son rêve dans “(Love story) Superman”. Ils sont six à endosser le costume mythique. A la fois fascinés et maladroits, vieillissants et rêveurs, avec leur bide et leur gueule de bois. Ils tentent des pyramides humaines qui échouent lamentablement et la téstostérone en prend pour son grade.

    Avec na nouvelle performance, “Palo Alto”, à l’Arsenic de Lausanne, Massimo Furlan poursuit son voyage à travers les souvenirs de son enfance, lesquels nourrissent ses créations depuis plusieurs années.

    Au centre, il y a l’image. Le souvenir des vacances en Italie. Massimo et sa soeur qui préparent “il circo” pour le présenter devant les grands-parents. Instant figé sur la rétine et point de départ pour “Palo Alto”, qui développera d’une manière fantasmagorique l’univers baroque du cirque, sans s’appuyer sur un récit, seulement sur des images mémoire et des personnages burlesques: le chanteur de variétés, le dompteur de tigres, la Madone silencieuse.

    La radicalité des performances de Massimo Furlan, minimaliste qui vit ses rêves de gosse, réside dans la simplicité de la situation, dans l’impact de l’image sur le public. “Pour moi, une scène, des chaises, c’est déjà un spectacle. Danser un slow sur un plateau de théâtre, c’est l’une des expériences les plus fortes et hallucinantes que l’on puisse voir, car on a tous dansé des slows mémorables à un moment donné.”

    Cet été, il sera sur la pelouse du Parc des Princes à Paris, seul et sans ballon, pour rejouer la demi-finale de la Coupe du monde de 1982, France-Allemagne. A l’occasion du Quartier d’été au Parc des Princes, il enfilera le maillot N°10 de Michel Platini pour une performance ludico-nostalgique. Massimo Furlan apprend un match comme d’autres apprennent un texte. A la fin, il en restera au moins une image.

  • Superman mit Bauchansatz, Massimo Furlans schräges Bildertheater – Felizitas Ammann, Neue Zürcher Zeitung, 03.12.2005 [PDF Article]
  • Superman mit Bauchansatz – Züritipp, 01.12.2005 [PDF Article]
  • Massimo Furlan, Gallerie Vallois – Christophe Kihm, Art Press, novembre 2005 [PDF Article]
  • Massimo Furlan / Commutation imaginaire – Léa Gauthier, Mouvement, sept-dec 2005 [PDF Article]
  • – Nicolas Julliard, Le Temps, 15 avril 2005 [Article]

    A l’Arsenic de Lausanne, le performer élabore une succession saisissante de tableaux vivants, plongée spectaculaire et burlesque dans l’imaginaire héroïque de son enfance.

    Conspiration de super-héros à l’Arsenic. Sur les planches intersidérales du théâtre lausannois, six mâles en costume de Superman entament une parade amoureuse. Pyramides humaines, rondes coquines ou sérénade punk, tout est bon pour courtiser une superwoman impassible, “blonde atomique” à la nuisette virginale. Avec, en guise de kryptonite scénique, une myriade d’effets burlesques et sidérants. Quand Massimo Furlan porte à la scène ses rêves d’enfant, la testostérone en prend pour son grade, dans une explosion joyeuse de clichés incarnés. Familier de l’Arsenic, ce peintre devenu scénographe et performer n’en est pas à son vol d’essai.
    Dans les mémoires du festival des Urbaines, il demeure ce rockeur en lamé fauve, dédicaçant son portrait à un parterre d’admiratrices pâmées (“Je rêve/Je tombe”, 2000). Ou encore ce footballeur surnuméraire de l’équipe d’Italie, rejouant seul à la Pontaise la finale du Mundial de 1982 (“Furlan/Numero23”, 2002). Aujourd’hui, avec “(Love story) Superman”, ce trentenaire potelé remonte à nouveau le cours de ses fantasmes, jusqu’à cette chambre d’enfant où, magnétisé par sa mappemonde, le petit Massimo rêvait d’amours interstellaires. Icône idéale de l’imaginaire masculin, le personnage de Superman y figure en bonne place, qui inspire à l’homme mûr un troublant no man’s land aux apparitions spectrales. Plongée dans l’obscurité, cadrée par un voile de résille sombre, la scène appartient à la nuit, temps des songes. Et les visions qu’embrasent les projecteurs composent de somptueux tableaux vivants au mutisme de rigueur.
    Car Furlan est encore peintre, lorsqu’il porte au théâtre ses mémoires héroïques. Sens de la composition, souci d’une narration faite d’instantanés étales, figures ravies à l’histoire des arts, “(Love story) Superman” tient dans sa forme du portrait du jeune homme en artiste. Et, sur cette scène du souvenir, le Superman de son enfance a fait des petits. Six, pour être exact, qui se disputent les faveurs de la belle indifférente. Collaborateurs du peintre plus qu’acteurs chevronnés, ce sextuor viril endosse sans muscle impérieux le costume moulant du héros rouge et bleu. Plus proches de Superdupont que de Christopher Reeve, ces six moustachus aux airs de Vercingétorix déplumés n’ont rien d’exceptionnel. Gens normaux dans un costume trop grand, enrôlés dans un jeu trop ambitieux pour eux, ces six-là multiplient sous un autre bleu l’héroïsme incongru du footballeur Furlan. Par contraste, la femme idéale ne se déplace qu’escortée de deux fées à la grâce irréelle. A trois, elles toisent et jaugent ces terriens dérisoires, comme autant de déesses renversant le jugement de Pâris. Et lorsqu’elles tricotent un drapeau de course, ou lacent les patins à glace de leur protégée, ces Parques-là indiquent sans ambiguïté le pouvoir absolu qu’elles s’arrogent sur la vie de ces six hommes sans qualité. Alors ils se démènent, épuisant les ressources de l’imaginaire viril: numéros de cirque grotesques, poses de rocker miteux ou tue-l’amour obscène, tout le ressort comique du spectacle est là, dans ce décalage constant entre l’aspiration au surhomme et la réalité bedonnante. Dans cette chambre d’enfant recomposée, l’image animée, forme de lanterne magique aux personnages miniatures, se substitue alors à l’inertie des acteurs.
    A la manière des animations vidéo d’un Pierrick Sorin, les mini-Supermen concrétisent sur écran leurs exploits miraculeux, portant à bout de bras leurs parents ou s’élançant en un ballet céleste orchestré par une musique abstraite et pesante. Plus loin, c’est le jeu vidéo qui fait irruption dans l’imaginaire enfantin, les hommes de Furlan s’attaquant à un épouvantable ennemi jaune et replet. Et pourtout, de la bande-son référentielle (PJ Harvey, Nick Cave) aux images de films adolescents (la voiture fumante de “Retour vers le Futur”), “(Love story) Superman” invite le spectateur à un voyage au coeur d’une génération. La première, sans doute, à avoir absorbé avec le même appétit la culture ancestrale des arts nobles et celle, populaire et excessive, du rock, des consoles de jeu et des teenage movies. Toutes formes d’art qui, dans la pièce comme dans la vie, se substituent parfois au discours pour formuler nos aspirations sublimes, nos échecs retentissants. Dans cette dissection sans mots, Massimo Furlan n’évite pas toujours les longueurs, ni les facilités d’un humour de corps de garde. Mais son portrait à l’acide du mâle contemporain prolonge, jusqu’à sa conclusion ambiguë, tout l’émerveillement d’un rêve trop beau pour ne pas durer.

  • – Marie-Pierre Genecand, Le Courrier, 14 avril 2005 [Article]

    Il est courant de mélanger théâtre et arts plastiques. Mais souvent, la force du plateau l’emporte et, très vite, le texte et le mouvement reprennent la direction des opérations. Dans “(Love story) Superman”, à voir à l’Arsenic, Massimo Furlan ne cède pas devant l’autorité dramatique. Privilégiant l’impression sur l’expression, c’est à travers une suite d’images arrêtées et largement muettes que le performer plasticien convoque les pics épiques de son enfance. On est d’abord décontenancé devant ce catalogue un peu figé des héros du passé et puis, comme pour la photo, après le temps de révélation, on mesure toute la qualité du projet.
    D’un côté il y a des princesses, les fées et les grandes traversées, fulgure au poing. De l’autre, les revers, les fessées et l’aridité des premiers assauts féminins. Massimo Furlan n’est pas Superman, mais il se souvient qu’il a cru l’être à coin et que, propulsé dans la réalité, il a vécu de la même manière les désillusions du quotidien. Du coup, son défilé de fées blasées et de Supermen déclassés est à la fois hilarant et émouvant. Car, derrière les revers comiques de ses super antihéros, il y a la trace de ses parents, ces immigrés italiens que l’artiste salue constamment.
    Déjà, lorsqu’à lui seul, par une froide soirée de brouillard, Massimo Furlan avait rejoué au Stade de la Pontaise la finale Allemagne-Italie de la Coupe du Monde 82 et ceci sous les commentaires live et enflammés de Jean-Jacques Tillman (“Furlan/Numero 23”), il l’avait fait en hommage à son père avec lequel il avait vécu cette mémorable retransmission. On en frissonne encore, de froid et d’étonnement, mais aussi d’émotion. Et puis, lors de la dernière édition de La Bâtie-Festival de Genève, quand il avait essayé de s’envoler sur le tarmac de Cointrin, il courait après son enfance, passée à regarder, en famille, les avions décoller.
    Dans “(Love story) Superman”, ses parents apparaissent pour de bon et dans une étrange position. Les bras en croix, moulé dans le justaucorps de Superman, Massimo Furlan porte ses géniteurs à bout de bras. Pas pour de vrai, bien sûr. La vidéo s’en mêle et permet cette image étonnante qui raconte autant le poids des origines que le tribut à ces mêmes racines. Car, filmés en pieds, les parents bougent peut-être un peu, gênés devant la caméra, ils sont surtout complètement légitimes dans leurs simplicité sans apparat.
    Ce trait, d’ailleurs, peut être élargi à l’ensemble de la distribution composée de techniciens, artistes, amis, etc., mais pas de comédiens. Répondans à la seule consigne d’exister en scène, les Supermen et autres princesses de pacotille prennent la pose et leur temps, de quoi faire passer les sens sous-jacents de ces tableaux vivants. A commencer par une des premières séquences où six Supermen en costume conforme, mais au physique moins aligné, considèrent, jambes écartées et mains sur les hanches, leur voiture accidentée. Ils ont l’air pénétré des grandes décisions, mais on sent bien qu’ils n’auront aucun impact sur la situation. Ce décalage entre phantasme de puissance et réalité constitue le diapason d’un objet qui, entre présence live et vidéo, a raison de proposer de l’art visuel sur un plateau.

  • – Michel Caspary, 24 Heures, 9 avril 2005 [Article]

    Il aura 40 ans cette année. Le temps qui file le pousse à retenir et la nuit et les souvenirs. Ceux de son enfance nourrissent toutes ses créations depuis plusieurs années : en plein air sur la pelouse du stade de la Pontaise, sur le tarmac de l’aéroport de Genève et tout au long de la ligne de chemin de fer Nyon-St-Cergue. Et en salle : « Gran Canyon » à l’Arsenic (Lausanne) et, au même endroit, depuis jeudi, « (Love story) Superman ». Un succès. Nombreux sont ceux qui ont aimé décoller avec lui.
    Ils sont six, en réalité, à endosser le fameux costume. Ils sortent d’une voiture enfumée, ils font du cirque, ils dansent une farandole, costumes identiques, mais corps différents, en chair et en os ou en vidéo, bondissant ou virevoltant sur les images, tels des poissons volants dans un immense aquarium. Ils s’amusent ou rêvent, à la fois fascinés ou maladroits devant un ange sur patins à glace et deux créatures féeriques. « Deux reines cosmiques », selon Massimo Furlan, plasticien et scénographe, mais surtout grand enfant et petit être humain, chercheur d’étoiles, sur terre comme au ciel.
    « Tout part de l’obscurité. Et de ces ténèbres surgissent les images. » Elles se succèdent, sans paroles. Ce sont des flashs qui surgissent de l’esprit, des flashs de longue durée. De quoi permettre aux spectateurs de s’y habituer, de s’y plonger, de prolonger ce qui est un récit initial, une situation de base qui ne demande qu’à se développer. Cent spectateurs, cent scénarios possibles.
    L’immense tulle qui sépare la scène de la salle « aplatit les images », explique Massimo Furlan. « Il leur donne une dimension bidimensionnelle. » Un trouble charmeur également, si ce n’est magique. Une part onirique doublée d’une autre plus burlesque. Aucun des six garçons qui jouent Superman n’est comédien. Seul le géant jaune, qui incarne la force du mal, l’est. « Ce sont tous des gens que j’aime, qui ont participé à d’autres performances, tous des bêtes de la technique. L’un fait la régie, l’autre la lumière, ou encore la vidéo. »
    Même topo pour l’autre sexe : l’ange est une danseuse, la première fée travaille à la Cinémathèque et la seconde est la mère des deux petites filles de Massimo Furlan ! trois splendides créatures : « J’ai la chance inouïe, le privilège, de vivre avec une femme qui est l’incarnation de cette image-là. Mais la vraie question, dans mon travail, tourne autour de ce mystère : qu’est que c’est une femme ? Comprendre comment elle fonctionne, ce qu’elle désire, essayer de faire qu’elle te désire toi, de répondre à ses désirs : c’est un boulot qui concerne tous les hommes, avec nos bides et nos gueules de bois. »
    De la séduction, donc, avec sincérité et humilité. Triple flash-back. Le premier fait voir le même Massimo dans sa chambre, en pyjama Calida, une grande serviette attachée autour du cou, sautant du bureau sur son lit, invincible, inatteignable. Le second le fait apparaître un peu plus tard, caché dans un buisson, les mirettes rivées sur une fille de son âge. Le troisième, enfin, met en scène Christopher Reeves, le héros du film (1978), balancé par ses parents de la planète Krypton pour sauver la Terre. Il a tous les pouvoirs, mais face à la fille qu’il aime, il est perdu, impuissant. De cela parle aussi le spectacle. De cette confrontation, de cette « relation amoureuse, empruntée, difficile et adolescente, qui te fait perdre tes moyens ». Silence et peurs, quitte à se trouver crétin ensuite de n’avoir pas osé. Alors on rêve de ce qu’on aurait dû faire, de ce qui aurait peut-être changé sa vie. Rêver qu’on vole sans craindre la chute.

  • – Françoise Jaunin, 24heures, 7 mai 2003 [Article]

    Furlan côté scène à l’Arsenic et côté atelier à l’Espace Saint-François.

    LAUSANNE
    Sur le papier ou sur le plateau: même combat. «Depuis 1999, dit-il, le besoin d’incarner mes personnages dessinés, bouffons et touchants à la fois, me démangeait.» Dès lors, les bambinis de Massimo Furlan mènent deux vies parallèles qui se renvoient la balle et se relancent l’une l’autre: à l’atelier, ils se sont faits encore plus basiques et minimaux, à la fois agressifs et poétiques, grotesques et émouvants. Ils voudraient bien avoir l’air féroces, mais ils sont surtout attendrissants, ces fantômes ricanants de l’enfance perdue, ces petits gnomes des fantasmes débridés.

    Sur scène, ils ont depuis l’an 2000 bénéficié d’un casting d’enfer, avec Massimo himself dans le rôle-titre du looser magnifique et pathétique et ses potes pour jouer autour de lui quelques autres bambinis dérisoires, des filles de rêve ou la fanfare qui achève sa prestation en catastrophe, forcément. «Mais attention, précise-t-il, il ne s’agit pas de théâtre: cela reste une performance de plasticien. Je ne suis pas comédien, je ne viens pas raconter une histoire sur un plateau. J’y mets en scène des «images longues» qui parlent exactement de la même chose que mes dessins, peintures et vidéos: l’enfance, la mémoire, l’effacement, les héros qui m’ont fait rêver quand j’étais môme et que je ne serai jamais. S’y mêlent et s’y imbriquent donc l’aura magique du rêve et le pathétique constat d’échec. J’ai le sentiment que cela rejoint un pan intime de la mémoire collective où beaucoup peuvent se reconnaître un peu…» Tandis que l’Arsenic accueille sa dernière performance Gran Canyon Solitude où on le verra tout scintillant de paillettes chevaucher… un vélomoteur, l’Espace Saint-François présente ses dessins, photos et vidéos récents, notamment son étonnant remake en solitaire dûment commenté par Jean-Jacques Tilmann de la mythique finale de 1982 Italie-Allemagne, où il s’est infiltré en tant que «Numéro 23».

  • – Catherine Othenin-Girard, catalogue BCV-ART [Article]

    A l’instar de toute une génération d’artistes qui émergent au début des années 90, Massimo Furlan s’est nourri des expérimentations radicales des années 60-70 qui interrogeaient les fondements mêmes de la représentation, tout en affichant sa capacité à se saisir à nouveau de l’image, sans complexe et sans détour par rapport à la modernité. Au fil des ans, il a développé une manière unique et personnelle, d’évoquer la perte et la reconstruction de la mémoire.
    Son travail met en scène les multiples transformations que nous faisons subir, consciemment et inconsciemment, aux images, sans en garder la trace. Il joue avec cette notion de « perte de contrôle » créant comme un réseau de liens formels et sémantiques, entre les différents référents visuels qui nous submergent quotidiennement et dont il s’inspire. Que ce soit dans ses dessins très spontanés ou dans ses peintures plus construites, il développe un style qui entremêle le réalisme du quotidien, l’imaginaire du rêve, comme les reliques du passé. Parfois, des fragments de textes soulignent, par leur typographie, le propos plastique. Cette dimension narrative livre quelques indices, mais à aucun moment, elle ne fixe une modalité de lecture définitive de l’œuvre. Le texte affleure la surface plane de la toile, comme le trait de crayon la feuille de papier. Et dès lors, l’interprétation reste ouverte.